Tremblement de terre de 1887 : le témoignage d’Henri Perrotin

jeudi 21 juillet 2022

L’Observatoire du Mont Gros dont les travaux commencèrent en 1881, fut édifié dans un parc de 35 ha (1), sur une ligne de crête à 375 m d’altitude sur les hauteurs de Nice. Il était visible de tous les points de la ville et son emplacement remarquable offrait un but de promenade aux hivernants. La puissance des instruments qui s’y trouvaient, faisait de ce site, le plus beau et le plus visité d’Europe.

Observatoire de Nice
L’observatoire fut inauguré en 1887
(Photo : André Laurenti)

A peine achevé, l’observatoire et ses installations furent mis à l’épreuve par le grand tremblement de terre du 23 février 1887.
Henri Perrotin, astronome à l’Observatoire, résidait dans un des pavillons de cette toute récente installation.
Ce matin du 23 février, il était éveillé lorsque les secousses débutèrent, il a pu en observer toutes les péripéties dans le moindre détail.

Henri Joseph Anastase Perrotin (1845 - 1904)
Il fut astronome et directeur de l’Observatoire de Nice.
(Source : https://www-n.oca.eu/histoire-nice_en/perrotin.html)

"Dans un premier temps, elles furent faibles" dit-il, "puis elles allèrent en augmentant avec une étonnante rapidité". Il voulut se lever, mais il ne pouvait pas tenir debout : "le plancher oscillait de l’est à l’ouest, d’une façon extraordinaire. Ces oscillations, d’une assez longue période, étaient accompagnées de trépidations d’une violence inouïe de très courte durée, mais d’une amplitude assez grande. Le tout avec un bruit continu très intense pareil à celui du passage d’un train sur un pont de fer. On entendait des craquements provenant sans doute de la désagrégation des matériaux du sol et des murs des habitations, ainsi que des bruits métalliques très caractéristiques"(2).
"A l’Observatoire, il s’est produit quelques légères lézardes dans l’étage supérieur, au-dessus des portes et des fenêtres ; mais les instruments n’ont pas souffert : les horloges et pendules se sont simplement arrêtées"(2).

L’annonce de l’observatoire

Le choc principal a été suivi par deux répliques en l’espace de 2h20. A Nice c’est la panique, toute la population est dehors, les hivernants prennent la fuite.
Pour éviter de nouveaux départs, la presse essaye d’être plus rassurante malgré les répliques qui se poursuivent.
L’observatoire de Nice annonça que de nouvelles secousses étaient à craindre, mais cette information ne fut pas toujours bien interprétée par la population et peu appréciée par le Petit Niçois qui aussitôt apportera sous la plume de Léon Ferbeyre, un démenti pour éviter encore de nouveaux départs.
« Il est complètement faux que l’observatoire de Nice ait annoncé de nouvelles secousses, la science n’a pas encore le moyen de prévoir les oscillations du genre de celles que nous venons de ressentir »(3).
Les répliques se poursuivirent pendant environ huit mois.


(1) - https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Provence-Alpes-Cote-d-Azur/Politique-et-actions-culturelles/Architecture-contemporaine-remarquable-en-Paca/Le-label-Architecture-contemporaine-remarquable/Les-edifices-labellises-Architecture-contemporaine-remarquable/Label-ACR-Alpes-Maritimes/Nice/Nice-Observatoire-d-astronomie-du-Mont-Gros

(2) - L’année scientifique et industrielle par Louis Figuier - trente unième - année 1887
(3) - Le "Petit Niçois" du jeudi 24 février 1887 – (Archives Départementales des Alpes-Maritimes)



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