Saint-Paul en Forêt : essaim sismique 2018
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L’activité sismique dans le département du Var est connue comme étant très faible, voire même quasiment nulle, et pourtant...
Essaim sismique dans le Var
Le 16 février 2018, un essaim sismique a débuté avec un paroxysme pour la journée du 18 février. Selon les enregistrements du laboratoire Géoazur et du CEA, durant cette crise, plus de 200 séismes ont été détectés dont 27 de magnitude comprise entre 2.0 et 2.9 et 2 de magnitude comprise entre 3.0 et 3.5 (MLv). La plupart de ces microséismes étaient trop faibles pour être ressentis par la population.
L’ensemble de cette activité se concentre sur un petit territoire de 14 km2.
Le premier événement d’une magnitude 2.1 est survenu le 16 février à 00h15 TU soit à 01h15 heure locale. Les suivants ont eu lieu durant le 17 - 18 et 19 février et l’activité s’est poursuivi sporadiquement jusqu’au dimanche 25 mars avec un événement de magnitude 2.2 survenu à 6h54 TU :
Voir le tableau des événements

Après une période d’accalmie de 3 mois, trois nouveaux événements sont survenus le 3 et le 22 août. La magnitude la plus élevée a atteint 2.7 MLv le 22 août à 13h01 TU, soit à 15h01 heure locale. Cette activité s’est poursuivie avec des microséismes de magnitude inférieure à 2.0, jusqu’au 5 septembre 2018.
Les épicentres de ces séismes ont été localisés en pays de Fayence, à l’Ouest de Saint-Paul en Forêt et à proximité du lac du Méaulx.
Deux événements de cet essaim ont dépassé la magnitude de 3.0 et ont été ressentis par la population proche de l’épicentre dans un rayon de 20 km. Les deux secousses ont généré dans la nuit du 17 au 18 février, un pic de plus de 1800 visites sur le site "azurseisme.com".
Dès les premières vibrations, le Cerema et Géoazur ont installé 5 stations dans la zone épicentrale pour mieux affiner les mesures. Une équipe a travaillé sur les caractéristiques de cette crise.
Témoignages
De nombreux témoignages ont été reçus de Callas, Roquebrune-sur-Argens (la Bouverie), Saint-Raphaël, Fréjus, Brovès en Seillans, le Cannet des Maures, Pignan, Tourtour, Sainte-Maxime, Lorgues, Draguignan, Flayosc, Trans en Provence, St-Jean de l’Estérel, la Garde Freinet, le Muy, Bargemon et Fayence...
Et aussi dans les Alpes-Maritimes : Saint-Cézaire, Auribeau-sur-Siagne, Mandelieu, Cannes, Antibes, Grasse, Vence et Peymeinade.
(Voir les messages en bas de page)
Tout proche du lac artificiel de Méaulx
Ce lac de retenue a été créé et mis en eau en décembre 1981 à l’initiative des trois communes de Fayence, Seillans et Saint-Paul en Forêt. Il se situe sur le cours supérieur de l’Endre. Ce plan d’eau de 16 ha et d’une capacité de 755 000 m3 est retenu par un petit barrage de terre d’une hauteur de 20 mètres.

(Photo prise le 18/02/18 : André Laurenti)
En 2006 des fuites furent observées à l’aval du barrage. Un arrêté préfectoral prescrivit la vidange du lac. En 2011 de nouveaux incidents se produisirent lors de pluies intenses. Le lac se remplit rapidement et de nouvelles fuites sont constatées. Un nouvel arrêté préfectoral préconise que le lac doit rester vide et ordonne soit son démantèlement soit la réalisation de travaux.
Il a été décidé d’effectuer des travaux. Ceux-ci ont été réalisés sur la retenue de ce lac, pour une mise aux normes et une remise en eau.
Avec l’épisode de sécheresse de l’année 2017, les dernières pluies n’ont pas permis de le remplir, le niveau de ce lac reste donc relativement bas.

(Photo prise le 18/02/18 : André Laurenti)
Le lac de Méaulx ne semble pas la cause
A l’analyse des enregistrements, Les chercheurs ont constaté que le foyer de cette activité n’est pas superficielle, mais plutôt en profondeur. Ce qui explique le ressenti au delà d’un rayon de 20 km pour la plus forte secousse. En raison de cette profondeur, la présence du lac de Méaulx de faible dimension et peu rempli au moment de la crise, ne semble ne pas être la cause.
Dans les environs, les accidents géologiques sont assez courants (glissements, éboulements, effondrements, formation de dolines et de gours). Ils sont liés à l’action érosive et dissolvante de l’eau.
Qu’est ce qu’une crise sismique
Il s’agit d’une succession de séismes dit en essaim qui surviennent en un endroit donné au cours de plusieurs jours, plusieurs mois ou bien plusieurs années.
La vallée de l’Ubaye détient un record avec une crise en 2003 – 2004 qui a produit 16 000 séismes dont la magnitude la plus forte n’a pas dépassé 2.7.
La dernière crise dans ce secteur, a été initiée le 26 février 2012 avec un séisme de magnitude 4.5. Elle a durée un peu plus de quatre ans, générant plus de 15 000 séismes jusqu’en avril 2016, cela sur un petit territoire de 10 km2 situé dans le massif du Parpaillon. Cette séquence a produit entre autre 132 séismes de magnitude comprise entre 2.0 et 3.0 ; 21 séismes de magnitude comprise entre 3.0 et 4.0 ; 2 séismes de magnitude comprise entre 4.0 et 5.0 et 1 séisme d’une magnitude locale de 5.2 (Ml) le plus fort de cette crise qui s’est produit le 7 avril 2014 et qui a produit des dégâts légers localement.
Il s’agit d’un phénomène différent de la séquence séisme principal plus réplique que l’on observe habituellement.
D’autres petites crises sismiques en essaim ont été observées par le passé dans cette région, notamment entre 1976-1977 et en 1989.
Pareils phénomènes se sont aussi produits dans les Alpes-Maritimes notamment à Peille (1999-2000) avec plus de 600 séismes détectés et également dans la vallée de la Roya.
Sismicité historique du secteur de Fayence
L’essaim qui nous intéresse intervient dans un secteur où l’activité est plutôt rare voire même nulle. La sismicité instrumentale des dernières décennies et la sismicité historique ne mentionnent pas d’événement plus important dans ce secteur.
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