Séisme de 1854

mercredi 21 mars 2018
par  André Laurenti

LE SÉISME DU 29 DÉCEMBRE 1854

Ce tremblement de terre antérieur au rattachement du Comté de Nice à la France et dont l’épicentre a été localisé en mer ligure, figure dans le catalogue des séismes de l’Istituto Nazionale di Geofisica et Vulcanologia (I.N.G.V.) avec une carte macrosismique interactive des intensités définies à partir de l’échelle Mercalli-Cancani-Sieberg (M.C.S.).
Il en est de même en France où l’évènement a été traité dans la base de données Sisfrance et dans le catalogue "Mille ans de séisme en France" où une intensité maximale de VII-VIII sur l’échelle M.S.K. (Medvedev-Sponheuer-Karnik), lui a été attribuée.
Giuseppe Mercalli suggéra que cet évènement se produisit à proximité de l’épicentre du séisme ligure du 23 février 1887 et selon les effets, un peu plus près de Nice. Il a été suffisamment puissant pour causer quelques dégâts et faire deux victimes en Ligurie.

Giuseppe Mercalli commença à s’intéresser à la sismologie en 1878 et lors de sa mission d’étude du séisme de 1887, il profita de l’occasion pour interroger les habitants des communes de la Ligurie pour qui le phénomène du 29 décembre 1854 était encore présent dans leur mémoire. Il put ainsi recueillir de nombreux témoignages oraux. Il réunit aussi des correspondances expédiées par les maires et les articles de presse de l’époque qui servirent à rédiger son mémoire sur les séismes de Ligurie et du Piemont, publié en 1897.
Ce sont les travaux de Mercalli et la presse de l’époque qui ont servi à la réalisation de cette page.

Giuseppe Mercalli (1850 1914)
En 1878 Mercalli se passionne pour la volcanologie, la géologie et la sismologie.
(Source : ZACEVINI Gianni - Milan Divin année 2022)

La principale secousse se produisit le 29 décembre 1854 à 2 h 45 et a été destructrice dans divers points de la Ligurie Occidentale. Elle fut violente dans le pays niçois et très forte dans la partie la plus méridionale du Piémont. Ce tremblement de terre a été ressenti à Vérone, Draguignan, Toulon, Brignoles, Marseille, Lyon, mais aussi dans le Canton de Vaud en Suisse et en Corse.
Ce séisme causa la mort de deux personnes à Bussana et fit quelques blessés. Bien que l’intensité était inférieure à celui de 1831 et 1887, l’aire isoséiste fut très importante et ce constat laissa supposer que la profondeur et la position du foyer étaient similaires au séisme du 23 février 1887 avec un épicentre entre Oneglia et Nice [1].

LES EFFETS DU SÉISME DANS LA PROVINCE DE GÊNES (LIGURIE)
À Sanremo, un pharmacien raconta qu’une forte secousse qui dura 15 secondes fut suivi de deux autres plus légères. Dans la « Gazzetta di Genova" du 4 janvier 1855 il est écrit qu’à Sanremo, il n’y eut aucun dégât, à l’exception de quelques fissures sur les voutes et particulièrement dans la nouvelle paroisse du couvent. Les oscillations firent sonner les clochettes des maisons.

À Bussana, ce tremblement de terre provoqua l’effondrement de la tour de guet du XVIe siècle, sur plusieurs maisons d’habitations du quartier de la Rocche, ensevelissant 2 personnes sous les ruines et faisant aussi quelques blessés. Mercalli rappela que ce village a toujours davantage souffert que ceux avoisinants, comme en 1831 et plus tard en 1887 (voir la page consacrée à Bussana lors du séisme de 1887).

Bussana (Bussana Vecchia)
A droite de cette gravure, la tour qui s’effondra lors du séisme du 29 décembre 1854

La presse rapporta que d’autres maisons tombèrent à Bordighera, Triora et ailleurs, mais ces informations semblèrent douteuses à Mercalli. Il rapporta seulement dans son mémoire que dans l’église de Bordighera la secousse fit tomber à terre un vase contenant l’huile pour les lampes.
Pour Mercalli, les effets également sur Triora dans la vallée d’Argentina, semblèrent exagérés car dans ce village les habitants ne gardèrent pas la mémoire de dégâts importants.

Au Poggio di Sanremo, les façades des maisons furent gravement endommagées au point que les autorités interdirent le retour des propriétaires. Par la suite, n’ayant pas fait l’objet de démolition, les habitants réintégrèrent leurs maisons et certains périrent plus tard dans le tremblement de terre de 1887.

À Taggia, le tremblement de terre fut ressenti assez fortement, mais provoqua peu de dégâts dans les habitations. D’après les souvenirs du Dr. G. Martini après le tremblement de terre de 1854, des sortes de détonations souterraines ont été plus sensibles qu’après le séisme de 1887, et certains jours elles se produisirent à quelques instants d’intervalles [2].

Commune de Taggia
Taggia est situé sur la rive droite de l’Argentina
(Photo : A. Laurenti)

À Oneglia (Imperia), le tremblement de terre se fit sentir fortement ; plusieurs maisons furent considérablement endommagées. Des plafonds de la caserne s’effondrèrent et les troupes durent abandonner plusieurs chambres [3].
Les voutes de cinq nouveaux portiques de la place Maria Teresa tombèrent, le journal explique que ces voutes étaient depuis environ deux ans, exposées à l’eau de pluie. Parmi les autres bâtiments qui souffrirent le plus : le collège des écoles pieuses les écoles, l’hôpital et l’église paroissiale en particulier la statue en stuc de Saint Jean-Baptiste sur la façade de l’église qui perdit un bras et une jambe. La presse ajouta que tous ces dégâts étaient facilement réparables. Aucun effet ne fut signalé aux personnes [4].

Mercalli écrivit qu’à Porto Maurizio (Imperia), il n’y eut que quelques lésions dans les entrepôts. Il fut rapporté aussi que beaucoup de vases contenant de l’huile bougèrent et se brisèrent dans les caves, alors qu’ils n’avaient rien eu lors du fort tremblement de terre du 23 février 1887.
Dans tous les villages situés au dessus d’Oneglia dans la vallée de l’Impero, les habitants se rappelèrent d’une grande frayeur, mais le séisme ne provoqua pratiquement aucun dégât dans les habitations.

À Diano Marina, on déplora seulement quelques fissures, les habitants dormirent à l’extérieur pendant trois jours.

À Cervo, les effets se bornèrent à la rupture d’une clef d’un tirant dans l’église du monastère.

Commune de Cervo
Village perché dominant la mer
(Photo : A. Laurenti)

À San Bartolomeo , seule la pointe du clocher tomba.

À Campochiesa, à Varezzi et dans d’autres villages des alentours d’Albenga, en général il n’y eut que quelques légères fissures, seule à Erli, elles furent un peu plus importantes.

Dans les alentours de Savona, le tremblement de terre fut suffisamment fort pour que les gens s’en souviennent encore, mais personne ne signala de fissures ou de dégâts dans les maisons.
Dans la circonscription de Gênes l’intensité décrut rapidement, en général il fut ressenti sensiblement mais sans frayeur [5]. Toutefois deux secousses ondulatoires de direction nord-sud ont été ressenties suivies d’un sourd et fort grondement [6]
À Gênes, une forte secousse ondulatoire se fit sentir dans la ville, les oscillations durèrent 7 à 8 secondes [7].

EFFETS DU SÉISME DANS LE PIEMONT
Dans la circonscription de Cuneo et Mondovi le tremblement de terre fut très fort.
À Robilante les murs tremblèrent tellement que des pierres tombèrent endommageant des toitures. Les cloches des boutiques sonnèrent comme agitées des mains de l’homme.
À Mondovi, la peur fut grande les rues et les places furent couverte de monde, dans la crainte ils passèrent le reste de la nuit en rase campagne [8], de nombreuses maisons furent endommagées et plus particulièrement l’hôpital et l’église des Missionnaires dont l’une des quatre flèches fut ruinée et la façade sensiblement décollée du reste de l’édifice ; plusieurs cheminées et quelques lucarnes tombèrent également. Le tremblement de terre fut également fort à Tende, Briga Marittim (la Brigue), Ceva, Frabrosa-Sottana, Vernante, Priola, Benevagienna, Lequio-Tanaro, Montaldo, Monastirolo-Casotto, Pamparato, Roccadebaldi, Torre di Mondovi, Villanova di Mondovi, Saliceto, Paroldo. Selon les informations du syndicat de Paroldo, ce séisme fut à peu près égal à celui de 1887, mais de plus petite durée [9].

EFFETS DU SÉISME À TURIN ET SES ENVIRONS
La secousse fut assez forte dans la circonscription de Pinerolo, Asti, Acqui et de Turin. On s’en souvient à Prasco (Acqui), à Asti et Serravalle d’Asti, Settime, Luserna, Verolengo, Corio (Turin), Cassine ect...
Le journal l’Avenir de Nice reprit un article de la Gazette Piémontaise du 29 décembre qui indiqua que cette nuit à 2 h 45 environ, on ressentit à Turin une secousse ondulatoire, précédée et accompagnée d’un grondement sourd et d’un souffle de vent. La secousse dura plusieurs secondes, elle sembla ondulatoire et de direction nord-ouest, sud-est.
Sur les collines de Turin racontèrent que le tremblement de terre fut plus fort et beaucoup de personnes sortirent effrayées de leurs maisons.
Les secousses furent sensibles à Stradella, Pavia et à Novara et légères à Milan et à Verona [10].

LES EFFETS DANS LES ALPES-MARITIMES ACTUELLES
Dans la vallée de la Roya, une église fut fortement endommagée près du passage du col de Tende [11].
Pour Menton, Mercalli rapporta que les secousses furent sussultoires puis ondulatoires et ne provoquèrent que des fissures dans les maisons [12].
A Tourrette Levens, une maison se fissura, sans nuire aux habitants [13].
Dans la vallée de la Vésubie, la secousse fut plus violente à Roquebillière, Lantosque et ailleurs, mais elle causa peu de dégâts.
À Belvédère, elle provoqua une fissure de 2 centimètres de large dans la voute de l’église et la rupture d’une clef métallique qui fermait les deux murs.

Commune de Belvédère
Église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul
(Photo : A. Laurenti)

Il en fut de même dans l’église de Contes où une clef se rompit. Des effets furent observés aussi à Grasse et à Menton, le séisme provoqua seulement quelques fissures.
À Grasse plusieurs murs furent lézardés [14].
L’ouvrage d’Antoine Cauvin (1810 - 1902), rapporta pour cet événement, qu’il renversa douze chapeaux de cheminées à Sclos de Contes. Jacques Cauvin, effrayé se réfugia chez son cousin Alexandre Cauvin, au Cluot, avec sa famille. Pour passer le temps, ils firent rôtir des châtaignes, mais le second tremblement renversa aussi le chapeau de la cheminée, les débris tombèrent sur la poêle, et détruisirent feu et châtaignes. Ce fut ce tremblement qui fit tarir la fontaine Fontetta dans le vallon Cuegne. Elle commença à couler à nouveau en 1879, mais un peu plus haut dans le vallon [15].
L’historien Urbain Bosio écrivit qu’il y eut seulement des lézardes dans les murs et les plafonds de quelques vieilles maisons [16].
À Cagnes-sur-Mer, le château Grimaldi fut fortement secoué au point que les fresques de Giulio Benso dans l’actuelle salle Carlone, furent abimées et fissurées [17].

Château Grimaldi de Cagnes-sur-Mer
Plafond de la grande salle du château décoré par le peintre génois Giulio Benso et qui fut fissuré par le tremblement de terre de 1854
(Photo : A. Laurenti)

À Antibes, le phénomène effraya fortement la population et n’a eut aucun résultat fâcheux [18].
À Bar-sur-Loup, la tour Est du château de l’amiral de Grasse fut lézardée et un tableau en tombant se fendit en deux. Dans le village plusieurs maisons furent lézardées.
- À Pégomas, le château fut fortement secoué - À Cannes les secousses furent plus violentes accompagnées de bruits sourds et effrayants de la mer, les navires furent ébranlés comme si la quille frottait sur un lit de cailloux.
À Saint-Paul, on déplora quelques dégâts légers dans des maisons et sur deux moulins, les cloches sonnèrent [19].
À Nice, la presse rapporta que ce matin du 29 décembre à 2 h 49 une forte secousse ondulatoire se fit ressentir, les oscillations durèrent de 7 à 8 secondes [20].

Témoignage du choc principal à Nice
Peu avant trois heures du matin, temps solaire de Nice, la secousse devint plus sérieuse. Peu de dormeurs eurent le sommeil assez profond pour ne pas entendre la grande voix de la nature en tumulte. Pendant près de dix secondes, le sol trembla avec fracas ; on croyait en même temps entendre dans l’air les mugissements d’une violente tempête. Les maisons se balancèrent comme des roseaux ; les personnes couchées se croyaient être dans une barque agitée par les vagues ; les vitres vibraient, les cloches et les sonnettes tintaient. Suivant le caractère des émotions différentes : ici la stupeur ; là des cris. Les uns s’exclamèrent de terreur, d’autres annoncèrent avec éclat ce tremblement de terre ; et durant toute cette agitation fébrile, les oscillations du sol qui semblèrent orientées du nord-nord-est au sud-sud-ouest, les oscillations de l’écorce du globe se poursuivirent, séparées par des pauses presque insensibles. Bientôt des centaines de personnes effrayées se précipitèrent hors des maisons, à moitié vêtus, quelques fois moins qu’à moitié vêtus, et se réfugièrent sur les places publiques, ou au milieu des jardins particuliers. Les clameurs de tout ce monde, et les aboiements ou les hurlements des chiens se mêlaient à la voix des crieurs de nuit annonçant le coup de trois heures. Quelques minutes plus tard, le grondement interne du sol se fit entendre avec netteté et l’on ressentit un mouvement fort léger, analogue à celui qu’éprouvent les bateaux qui viennent de toucher le bord. Plusieurs personnes retirées loin du bruit affirmèrent avoir noté un second grondement final, une dernière secousse imperceptible.
La presse écrivit que l’immense majorité de nos hautes maisons s’est bien tenue ; quelques unes des plus mal bâties ont vu leurs murs se lézarder, leurs plafonds se fendre. Dans maints appartements, des meubles, des ustensiles divers furent renversés, des glaces mal ajustées se détachèrent  [21].
La presse de Gênes écrivit "de nombreux citoyens abandonnèrent leurs maisons et se rassemblèrent sur la place Victor (Place Garibaldi). La cloche de l’horloge de Saint François sonna [22].
La presse écrivit qu’en un instant toute la ville fut sur pied, on se précipita dans les jardins, où des tentes improvisées servirent d’abri pour le reste de la nuit.
Des cheminées furent renversées, un mur s’écroula avec fracas.
Alphonse Karr qui était à Nice écrivit au journal, "c’est horrible mais si étrange que cela a un peu de charme, des rêves et du surnaturel".
Presque tout Nice bivouaqua, toutes les voitures furent louées et emmenées dans la campagne comme maison, bien des personnes s’établirent dans la plaine sous des tentes improvisées [23].

Ville de Nice
Nice dominé par l’emblématique Mont Chauve
(Photo : A. Laurenti)

EFFETS DU SÉISME DANS LE VAR ACTUEL
Le tremblement de terre se fit ressentir à Toulon, avec une durée de trois secondes et avec des secousses oscillatoires allant du nord au midi [24]. Le choc principal fut accompagné d’un bruit souterrain comme plusieurs voitures sur un trottoir, des vases ont été renversés et des clochettes ont sonné.
À Draguignan le phénomène débuta par un gros grondement souterrain suivi de trois secousses séparées les unes des autres par des intervalles de 2 à 3 minutes [25].
À Brignoles la population fut émue par un phénomène heureusement rare dans nos contrés.
À Carcès, presque toute la population descendit dans les rues, en proie aux plus vives craintes [26].
Le journal le Var publia le témoignage d’un habitant de Flayosc "deux fois mon lit s’abaissa comme un cheval qui se cabre. Pendant ce temps la vaisselle dansait sur les étagères et les vitres vibrait". La presse précisa que la secousse fut plus violente au quartier Flayosquet situé au nord-est du village. Là, les meubles furent renversés et brisés et les habitants du hameau furent effrayés [27].

EFFETS SUR LES SECTEURS ÉLOIGNÉS
À Chambéry (Savoie), un assez grand nombre de personnes ressentirent le séisme. Dans quelques maisons l’oscillation fit tomber des vases et briser des porcelaines, dans plusieurs maisons des portes intérieures s’ouvrirent et des clefs tremblèrent dans les serrures [28].
À Lanslebourg (Savoie), mise à part l’ouverture de quelques portes, de légères fissures furent observées sur des murs internes.
À Apt (Vaucluse) la secousse dura environ 4 secondes et agita le mobilier et les maisons. Quelques animaux furent assez impressionnés.
Le tremblement de terre fut également ressenti à Lyon et aussi à Bex dans le canton de Vaud. En Corse à Rogliano on se souvint avoir ressentir la secousse du 29 décembre [29].
À Arles, un phénomène vint troubler le sommeil de plusieurs personnes dans la nuit du jeudi à vendredi [30].

À Marseille, le choc principal fut ressenti à deux heures et demie avec une forte secousse dont les oscillations trois fois répétées, allaient de l’Est à l’Ouest. Cette secousse qui dura environ 4 à 5 secondes, réveilla un grand nombre d’habitants tous étonnés de sentir remuer leur lit comme si quelqu’un le secouait et tous les meubles vaciller d’une manière fort sensible. Cette secousse fut suivi d’une autre réplique plus légère à quelques minutes d’intervalle [31]. Dans les quartiers élevés, les oscillations furent beaucoup plus sensibles ; les portes et les croisées furent fortement secouées, les meubles suivirent le mouvement oscillatoire à diverses reprises ; les ustensiles de cuisine furent agités, dans beaucoup de maisons le mouvement des pendules s’arrêta [32].
La presse indiqua que le tremblement de terre se fit ressentir faiblement au delà de Marseille.

L’Avenir de Nice du 1er janvier 1855
Extrait de l’Avenir de Nice du 1er janvier 1855 (Archives Départementales des Alpes-Maritimes)

LUMIÈRE SISMIQUE
La presse fit état d’un phénomène étrange, le tremblement de terre aurait été accompagné ou plutôt précédé d’un éclair très vif sans tonnerre, qui aurait vivement illuminé l’atmosphère immédiatement avant les premiers bruits d’explosions. Le factionnaire du poste sur le cours Massena l’a comparé à la lumière subite que produit un coup de canon.
Pourtant l’atmosphère était parfaitement sereine, la lune était descendue au dessous de l’horizon et les étoiles brillaient d’un vif éclat [33].

DEUX SÉISMES PRÉCURSEURS
Comme le séisme ligure de 1887 cet évènement a également connu selon la presse, la présence d’évènements précurseurs avant le choc principal : Vers minuit moins le quart, des personnes éloignées de la Nice entendirent comme une rumeur souterraine comparable à la course rapide de plusieurs chariots pesamment chargés. Un curieux domicilié sur le flanc d’une colline ombragée, sortit immédiatement et vit dans la campagne, tous les arbres voisins agités d’un tremblement pareil à celui du peupliers balancé par un fort coup de vent.
Aux environs d’une heure, un nouveau roulement plus fort, plus prolongé, se fit entendre ; et l’agitation du sol fut de plus manifeste
 [34].

RÉPLIQUES
Les répliques ont été peu nombreuses et en général elles furent légères [35].
Celle du vendredi 5 janvier 1855 au matin, fut assez forte à Sanremo, elle fut ressentie à Nice avec deux très légères secousses : la première quelques minutes avant 7h, la seconde quelques minutes plus tard. Elles n’ont guère duré qu’un quart de seconde. Seulement un petit nombre de personnes s’aperçurent de ce phénomène [36]. D’autres suivirent le 16, 18 et 27 mars, 3 avril, 1, 11 et 12 juin [37].

CONCLUSION
Mercalli conclut que ce séisme de moindre intensité fut très similaire à celui du 23 février 1887, en raison de sa position et de l’extension du ressenti sur une zone assez vaste. Il se propagea plus facilement dans les massifs alpins qu’à travers les Apennins et vers la plaine du Pô ; par exemple il fut plus sensible en Savoie qu’à Milan [38].
Par ailleurs, il faut être prudent dans l’interprétation des témoignages publiés dans les comptes rendus de l’Académie des Sciences, ils proviennent d’un article de presse français et sont pour la plupart exagérés, surtout ceux concernant le territoire du Royaume de Sardaigne qui regroupait les provinces de Nice, de Gênes et du Piémont, par exemple il est dit que beaucoup de maisons ont été renversées à Menton et Vintimille. Pourtant, Mercalli qui s’est intéressé à cet évènement 33 ans plus tard, ne fait état que de fissures à Menton. Concernant la Provence, la presse écrivit que la tour du château de Bar-sur-Loup s’est effondrée, ces informations plutôt prémonitoires sont erronées. La tour fut simplement lézardée par le séisme de 1854. Par la suite, elle ne connut aucune réparation avant le tremblement de terre de 1887 qui la fit s’effondrer partiellement comme les photos l’attestent.


[1Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[2Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[3L’Avenir de Nice du 31 décembre 1854 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[4Giornale Politico Italia e Popolo di Domenica 31 dicembre 1854 – Genova

[5Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[6La Presse du 3 janvier 1855 - Gallica Bibliothèque Nationale de France (BNF)

[7L’Avenir de Nice du 31 décembre 1854 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[8Gazette de Savoie du 4 janvier 1855 - Portail du patrimoine écrit en Auvergne Rhône Alpes

[9Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[10Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[11Séisme du 29 décembre 1854 - Comptes Rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences 1855/06 (T40)

[12Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[13Giornale Politico Italia e Popolo di Domenica 31 dicembre 1854 – Genova

[14Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[15CAUVIN Antoine (abbé) : Mémoires pour servir à l’histoire naturelle, statistique, industrielle, agraire, politique morale et religieuse de la commune de Contes et du hameau de Sclos, avec des notions sur les villes, bourgs et villages, couvents et sanctuaires de l’ancien Comté de Nice

[16BOSIO Urbain La Province es Alpes-Maritimes - Nice 1902 Bibliothèque Municipale de Menton

[17Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[18Le Toulonnais du 02 janvier 1855 - Archives Départementales du Var

[19Séisme du 29 décembre 1854 - Compte Rendu Académie des Sciences - Paris 1855/06 (T40)

[20L’Avenir de Nice du 31 décembre 1854 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[21L’Avenir de Nice du samedi 30 décembre 1854 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[22Giornale Politico Italia e Popolo di Domenica 31 dicembre 1854 – Genova

[23Le Siècle du 02 janvier 1855 - Gallica BNF

[24La Presse du 3 janvier 1855 - Gallica Bibliothèque Nationale de France

[25Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[26Le Sémaphore de Marseille du 2 janvier 1855 - Retronews Bibliothèque Nationale de France

[27Journal "le Var" du 31 décembre 1854 - bibliothèque municipale de Fréjus (Var)

[28La Gazette de Savoie du 1er janvier 1855 - Portail du Patrimoine écrit en Auvergne Rhône Alpes

[29Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[30Le Toulonnais du 02 janvier 1855 - Archives Départementales du Var

[31L’avenir de Nice du 1er janvier 1855 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[32La Presse du 1er janvier 1855 - Gallica Bibliothèque Nationale de France (BNF)

[33Journal "le Var" du 04 janvier 1855 - bibliothèque municipale de Fréjus (Var)

[34L’Avenir de Nice du 30 décembre 1854 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[35Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897

[36L’Avenir de Nice du 6 janvier 1855 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes

[37ROTHE J.P. Annales 1948 Institut Géophysique du Globe de Strasbourg - Série T4

[38Terremoti della Liguria e del Piemonte - mémoire de Giuseppe Mercalli - pages 111 à 115 - Naples 1897


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