Effets sur Diano Castello

jeudi 21 juillet 2011
par  André Laurenti

LE TREMBLEMENT DE TERRE LIGURE DU 23 FÉVRIER 1887

DIANO CASTELLO (province d’Imperia)
Superficie : 599 ha - Alt. : 135 m
Latitude : 43° 55’ 00" Nord - Longitude : 08° 04’ 00" Est
Population : 902 habitants en 1881 - 2 254 habitants au 28 février 2023

Diano Castello
Le village se situe sur une colline à 1,5 km de la mer, à une altitude de 135 m
(Photo : André Laurenti)

Au nord-ouest de Diano Marina, le bourg de Diano Castello est édifié au sommet d’une petite colline à seulement 1,5 km de la mer. Il fut le lieu de résidence du Marquis de Clavesana et successivement chef lieu de la communauté Dianaise. Le bourg s’inscrit entre la via Meloria à l’est et la via delle Torri à l’ouest. Cette dernière voie rappelle l’antique village fortifié, flanqué de quelques tours comme celles représentées sur les photos ci-dessous.

Diano Castello
Casa Torre endommagée sérieusement par le séisme de 1887 et ce qu’il en reste de nos jours.
(Collection ancienne Didier Moullin, photo André Laurenti)

Les ruelles de ce bourg médiéval sont délimitées par des maisons relativement hautes qui semblent se soutenir les unes aux autres par la présence d’arches voûtées qui relient entre elles les structures portantes des maisons. Les toitures comme le montrent les photos, étaient couvertes d’ardoise une typologie semblable à Diano Marina.

Les effets du séisme

La presse de Savona, dressa une situation dramatique pour ce village. Elle écrivit que « tout est détruit..., plus aucune maison n’est debout sauf l’église... ». Il est probable que la presse ait exagéré pour faire sans doute réagir les autorités car les secours ont tardé à intervenir [1].
Le constat des savants de l’époque a été un peu moins dramatique, Diano Castello fut sensiblement moins ravagé que Diano Marina dirent-ils, mais les dégâts furent tout de même importants.
On retira des décombres trente deux morts et une quinzaine de blessés [2]. Si les agriculteurs n’avaient pas été au travail dans les campagnes, au moment du premier choc, les victimes auraient pu être plus nombreuses.
En allant vers le village, Mercalli et Taramalli observèrent sur les maisons, des fissures dans tous les sens, principalement sur les murs orientés vers le nord. Juste en dessous le village, une maison isolée a eu l’angle N-E détaché [3].
L’église paroissiale a été endommagée, sa façade sud lézardée. Le professeur Arturo Issel rapporte les détails que lui a fourni le père Bertelli. La tête supérieure du clocher fut sectionnée et projetée à plusieurs mètres de distance sur le toit de l’église, provoquant l’effondrement partielle de la toiture et de la voûte. Issel chercha une explication et émit l’hypothèse qu’il s’agissait probablement d’un problème de fréquence lié à un clocher élevé et à sa désolidarisation avec l’église. En raison de sa grande hauteur et sa mobilité, le clocher devait sans doute osciller plus amplement par rapport à l’église. Les deux édifices se sont alors entrechoqués, provoquant la chute de la partie sommitale [4].

L’église "di San Nicolo di Bari"
La partie supérieure du clocher s’est effondrée sur le toit de
l’église. De nos jours, la petite coupole du clocher n’a pas été reconstruite
(Collection ancienne Didier Moullin, photo André Laurenti)
Diano Castello
A gauche l’actuelle place Matteotti - à droite l’intérieur de l’église paroissiale
(Collection Didier Moullin - Diano Castello : il terremoto del 1887)

La grande tour du Couvent, au nord du village, les niveaux inférieurs étaient armées de tirants munis de grosses clefs de fer, puis par d’autres clefs orthogonales sur une grande hauteur de mur. Les clefs posées en façade sud travaillèrent davantage, des pliages de cornières firent saillie à l’aplomb du mur [1].

Diano Castello
Vue depuis la rue Borg.
(Collection ancienne Didier Moullin, photo André Laurenti)

On apprend dans un historique rédigé par la commune, que l’effondrement de la voûte a eu pour conséquence la mort de quelques fidèles venues prier pour le mercredi des cendres.
Les dégâts les plus importants se concentrèrent dans la partie centrale et la plus ancienne du village. L’immeuble du marquis de Clavesana et les maisons environnantes furent réduits à l’état de ruine. Immédiatement après le choc principal, la majorité de la population eu le bon reflex de gagner des lieux dégagés [5].

Diano Castello
Les dégâts se sont surtout produits dans le centre ancien
(Photos : Archives Départementales des Alpes-Maritimes)

Bien que les maisons étaient généralement bien construites, ce fut en partie vrais pour les palais qui offraient un spectacle de ruine et de désolation, et parmi lesquels on pouvait voir se répéter les détails déjà décrits sur d’autres communes de Ligurie.
Parmi les dégâts, un grand édifice fut sérieusement endommagé sur la place Mari.... [1].

Cause géologique ?
Les effets du séisme sur ce village déjà affecté par le tremblement de terre de 1818, ont peut-être été accentués par un problème géologique. En effet, il est rapporté que sur la place Giudici, un gouffre s’est formé, puis se serait élargi jusqu’à ensevelir les décombres et les restes des maisons [3].

Diano Castello
Effets du séisme sur le village
(Collection Didier Moullin)

Les secours se firent attendre
On apprend également que certaines victimes sont mortes en attendant les secours. Les soldats et les bénévoles durent dans un premier temps affronter les conditions atmosphériques. Il fallut attendre le 28 février, soit cinq jours après le séisme, pour commencer le difficile travail de déblaiement des gravats qui obstruaient les ruelles étroites du village [3].

Eglise de San Nicolo da Bari
D’imposants contreforts figurent sur la façade ouest de l’église
(Photo : André Laurenti)
Diano Castello
Les baraques en bois abritant les sinistrés dans le quartier du couvent
(Photo : commune de Diano Castello)

Intensité proposée
L’intensité X proposée par les institutions italiennes, semble surévaluée. Les observateurs ont portant rapporté des effets moins sensibles qu’à Diano Marina. Comme l’atteste les photos du village, prises au droit de l’église et au nord de la bourgade, on distingue des maisons peu endommagées. On peut donc s’interroger sur les critères qui ont permis l’attribution d’une telle intensité.
Les photos et les descriptions certes sommaires, permettent d’apprécier un degré de dégât de l’ordre de 4 et 5 sur des bâtiments de classe de vulnérabilité A. Les dégâts sont comme il est dit, sensiblement moins importants qu’à Diano Marina, on peut proposer une intensité de VIII-IX.


[1Il Cittadino Savona de 26 27 février 1887

[2Issel Arturo : « Il terremoto del 1887 in liguria » - Roma 1888 - Société Géologique de France

[3TARAMELLI T. et MERCALLI G. "Il terremoto Ligure del 23 febbraio 1887" - Parte IV - Volume VIII - Roma 1888 - Biblioteca Istituto Geologia Universita di Genova

[4Issel Arturo : « Il terremoto del 1887 in liguria » - Roma 1888 - Société Géologique de France

[5Diano Castello : "il terremoto del 1887" - Comune di Diano Castello


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