St-Paul-sur-Ubaye : séisme de 2012
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Séisme de Saint-Paul-sur-Ubaye
Une forte secousse de magnitude 4.5 (Ml) selon le Réseau National de Surveillance Sismique (ReNaSS) et 4.2 (Mw) selon (Géoazur B. Delouis) ou 4.8 (Ml LDG CEA) , s’est produite à 22h37 TU soit à 23h37 heure locale, le dimanche 26 février 2012.
L’épicentre a été localisé dans la partie orientale de la Montagne de Parpaillon qui culmine à près de 2 987 m, et qui marque la limite entre les communes de Saint-Paul-sur-Ubaye, La Condamine-Châtelard (Alpes de Haute Provence) et Crévoux (Hautes-Alpes). Saint-Paul-sur-Ubaye est la localité la plus proche de l’épicentre (3 à 5 km), tout comme Crévoux dans le département voisin. La ville de Barcelonnette quant à elle, n’est qu’entre 11 et 15 km environ au sud de cette zone active.
Le foyer du séisme du 26 février donné comme superficiel, a été estimé entre 5 et 10 km de profondeur.
Grâce aux observations faites par une cinquantaine de stations sismologiques déployées dans les Alpes françaises, suisses et italiennes, le mécanisme au foyer montre que la faille qui a fonctionné est une faille dite "normale" d’orientation NNW-SSE qui a permis au compartiment tectonique situé à l’ouest (Barcelonnette) de s’affaisser d’environ 1 cm par rapport au compartiment situé à l’est (Saint-Paul).
Suite à ce regain d’activité, la surveillance sismique a été renforcée, deux stations sismologiques temporaires transmettant leurs données à Grenoble ont été installées le 1er et le 10 mars 2012, l’une dans le hameau de Tournoux (Saint-Paul-sur-Ubaye) et l’autre à Sainte-Anne (La Condamine).
Selon le Bureau Central sismologique français (B.C.S.F.), cette crise a mobilisé de nombreuses personnes et plusieurs laboratoires de recherche scientifique et centres techniques. A cette occasion, il est important de souligner la collaboration précieuse du public qui a permis au B.C.S.F. de collecter plus de 2 300 formulaires.

Répliques :
Cet événement a été suivi 62 mn plus tard, d’une réplique de magnitude 3.6 à 23h39 TU soit à 00h39 heure locale, très bien ressenti localement. Depuis le choc principal il y a eu 9 répliques de magnitude supérieure à 3.0.
Parmi celles-ci, la secousse du vendredi 02 mars 2012 à 7h15 TU soit à 8h15 heure locale, de magnitude locale de 3.9 (Ml) selon le ReNaSS, 4,1 selon le CEA, a été ressenti à Cagnes-sur-Mer (100 km), à Saint-Dalmas le Selvage, à Valdeblore, Isola village, Cannes et dans les quartiers de Nice nord.
D’après Sismalp, "en 19 mois, c’est plus de 4 700 séismes qui ont été détectés dans ce secteur de Jausiers-Crévoux. Plus de 250 d’entre eux ont été potentiellement ressentis par la population. Il a été possible de localiser et calculer la magnitude de plus de 2 000 séismes ; près de 1 400 ont pu être localisés avec précision".
La journée la plus active a été celle du 27 février, avec 223 séismes détectés. Le 26 février, au cours des 82 minutes qui ont suivi le choc principal, on a recensé 124 séismes, soit plus d’un par minute.
Selon Sismalp, c’est l’extrémité sud de l’essaim qui est la plus active, cette zone, proche de la Cabane de Bérard, correspond au Grand Clausis, un massif situé entre la vallée du Bérard (un affluent de la rive droite du Parpaillon) et la haute vallée du Parpaillon. L’essaim a connu un petit regain d’activité fin juillet–début août, mais avec des magnitudes qui n’ont pas dépassé la valeur de 2.

Le ressenti
Selon le B.C.S.F., le choc principal a été ressenti sur les 12 départements suivants :
Ain, Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Drôme, Isère, Rhône, Haute-Saône, Savoie, Var, Vaucluse, ainsi que la Principauté de Monaco.
Cet événement a été ressenti jusqu’à 216 km au nord-nord-ouest de l’épicentre à Yzeron (dépt. 69) et à 170 km au sud-sud-ouest à Marseille [1].
Effets dans les Alpes-Maritimes
Ce séisme a été largement ressenti un peu partout dans le département.
Les témoignages reçus sur "azurseisme" relèvent dans la plupart des cas une intensité IV.
En effet, dans le vieux bourg de Cagnes-sur-Mer, une secousse brève a été ressentie, faisant ballotter les portes d’une armoire. Dans la même ville elle a provoqué le craquement assez fort d’un grand placard en bois.
La secousse a réveillé des dormeurs et a fait tangué un canapé de gauche à droite à Saint-Laurent du Var. Elle a aussi été bien ressenti d’une manière brève, au rez de chaussée d’une maison à Grasse, réveil de dormeur sur les hauteurs de cette ville. Très bien ressenti aussi à Antibes, bonne vibration comme une déflagration qui a fait tout vibrer dira un habitant de la Croix des Gardes à Cannes. Dans la même ville il a été signalé le craquement des murs et des planchers, la vibration du lit et le tapotement de la porte d’une vitrine contre le cadre. Par ailleurs, au quartier des Révoires à la Turbie, agitation du lit et claquement des volets, même effets signalés à Monaco.
A la Roquette sur Siagne "j’etais assis sur mon canapé d’un coup tout à tremblé comme si quelqu’un le poussait très fort et le sol grondait.
A Contes le plancher a tremblé assez fort pour que je regroupe mes enfants.
Les meubles se sont mis à trembler à Vence. Réveil de dormeurs à Beaulieu et à Beausoleil avec vibration du lit. Au 3ème étage d’une résidence du quartier de Fabron à Nice, il a été rapporté l’agitation modéré du lit et le grincement d’une commode. Toujours à Nice, réveil de dormeur ondulation d’un canapé et vibration de volets. A Nice centre, les fenêtres ont très fortement vibré ainsi que le plancher, deux livres sont tombés de la bibliothèque. A Mouans-Sartoux, le chat s’est énervé juste avant que le canapé tangue quelques secondes. A Juan les Pins bibliothèques qui s’entrechoquent et lit qui bouge.
Le séisme a bien été ressenti à Saint-Paul de Vence, Nice, Valbonne, Sophia Antipolis, Vallauris, Saint-Martin du Var, Saint-Blaise, le Cannet, Villeneuve Loubet, Biot, Saint-Etienne de Tinée, Saint-Martin Vésubie, à Tende et enfin Saint-Sauveur-sur-Tinée.
Près de deux cents appels ont toutefois été enregistrés dimanche soir au centre d’information et de commandement de la police nationale de Nice, et le double chez les pompiers du Codis et du Centre d’alerte de Nice/Menton.
Effets dans les Alpes de Haute Provence
A l’examen des dégâts il reste difficile de déterminer avec certitude ce qui a été généré par le premier choc et les répliques.
Selon les témoignages recueillis par le B.C.S.F. et l’enquête qui a suivi, des dégâts ont affecté principalement les bâtiments de vulnérabilité A et B de degré 1 à 2 et en faible proportion par rapport au nombre de bâtiments présents, on dénombre (sauf pour La Condamine-Châtelard où le taux de dégâts est de 17% des bâtiments de logement) quelques cheminées endommagées (jamais cassée au ras
du toit) dans les communes suivantes :
La Condamine- Châtelard : 11 ; Barcelonnette : 5 ; Saint-Pons :1 ; Jausiers : 7, Saint-Paul : 1.
La chute de parties de cheminées a généré des dégâts aux toitures (couverture, Vasistas), parfois aux véhicules (1 cas).
A Barcelonnette un témoin précise : « Dans notre quartier, plusieurs cheminées ont été fissurées et des morceaux sont tombés dans la rue. »
Un mur de soutènement très certainement assez vulnérable s’est effondré sur un chemin d’accès à une propriété de Melezen. (4)
Effets dans le Var
Saint Maximin la Sainte Baume - Un bruit sourd comme un choc, puis la table et les murs se sont mis à trembler pendant quelques secondes.
Brignoles : réveil de dormeurs
A Draguignan, assis sur un canapé, tout d’un coup un gros bruit sourd s’est fait entendre et tout ses mis a trembler , une secousse assez forte.
Autres effets décrits
Les chiens du hameau de la Conche ou du Villard se sont mis à hurler à la mort de manière inhabituelle environ 1/4 d’heure avant la première secousse. Ceux de Barcelonnette ont également aboyé entre les deux premières secousses.
Aucune coupure de courant, tintement de cloches, changement de niveau d’eau dans les puits, odeur particulière, ni effets lumineux n’ont été signalés. (4)
Le ressenti sur les habitants
Le séisme a réveillé et effrayé de nombreux habitants dans la zone épicentrale où des objets ont chuté. Le Codis 04 a été submergé d’appels pendant la nuit.
Un professeur de SVT du lycée André Honnorat de Barcelonnette, précise que la secousse principale a durée environ 1 à 2 secondes, pas de dégâts sur le bâti apparent, propagation plutôt dans un axe E/W.
D’après un professeur de math qui réside dans le hameau de Tournoux tout proche de l’épicentre,
le choc principal a duré environ 3 secondes et assez fort. Toute la maison a vibré mais sans faire de dégâts. Rien n’est tombé des étagères mais les portes ont bougé comme avec beaucoup de vent et les planchers ont craqué. Le second a moins duré (à peine deux secondes je dirais) et l’intensité était bien moins forte.
Le 27 février une nouvelle secousse (vers 17h30 heure locale), mais pas vraiment ressentie en vibration, juste un bruit sourd, comme une déflagration. On était à l’extérieur.
Selon une enseignante en lettre qui demeure à Saint-Paul-sur-Ubaye, il y a eu aucun dégât, mais beaucoup d’émotion à Saint Paul. Une seule personne s’est présentée à la mairie pour signaler que sa cheminée avait souffert. Cela faisait longtemps que cela n’avait pas été aussi fort. Les souvenirs de 1959 ont resurgi pour les plus anciens ;
C’était assez impressionnant , mais comme je suis dans une maison aux murs épais, rien à bouger . La réplique de 00H39, tout le monde l’a ressenti, par contre, personne n’a parlé se celle de ce matin.
La secousse principale de dimanche a tout de même endommagé le toit d’une résidence secondaire "La Rose des Alpes" située à proximité du centre de Barcelonnette. Les briques d’une cheminée sont tombées dans le jardin après avoir rebondi sur le toit.

(Photo : André Laurenti)

(Photo : Martine Gastaud)
Elles ont cassé des ardoises et détruit un vasistas. Sur les plafonds du deuxième étage, des fissures sont apparues. Cette villa fait partie du circuit pédestre de découverte du patrimoine architectural de la ville et figure dans l’ouvrage "villas en Ubaye" une demeure construite en 1903 par Jules Lions, ancien négociant à Puebla au Mexique [2].

(Photo : Martine Gastaud)
Frédérik Blok est l’une des personne qui vit au plus près de l’épicentre. Seul habitant du hameau du Mélezen Intra Bas (l’un des quatre lieux-dits du Mélezen), il raconte ce qu’il a vécu :
« C’était comme un énorme grognement qui venait du plus profond du vallon de l’Infernet, une vraie charge de cavalerie ! » « Le soir du séisme, j’étais dans
ma cuisine un verre de tisane à la main. Le sol s’est dérobé, la maison a tremblé et mon thé a valsé ! Une poussière fine a coulé entre les planches du plafond. Je suis sorti dehors pour vérifier s’il ne s’agissait pas d’une avalanche, mais je n’ai rien vu d’anormal. Si ce n’est, après un moment de silence, une drôle de clameur qui m’a fait froid dans le dos. J’ai mis du temps à l’identifier : c’était des cris, des
hurlements d’animaux. Les bêtes sauvages se sont manifestées – on a de tout par
ici, des cerfs et des biches, des chamois, des chats sauvages, des renards et des loups... J’avais l’impression qu’elles hurlaient à la mort dira-t-il ».
Avec les nombreuses répliques, M. Blok a toutefois constaté l’apparition d’une fissure de 60 cm environ sur sa façade de sa maison et le fait que certaines pierres apparentes s’écartent.

En Italie
Chez nos voisins frontaliers, le séisme a été enregistré par les instruments du réseau sismique de l’Institut National de Géophysique et de Volcanologie (INGV). Le choc principal a été ressenti dans la région du Piémont, notamment dans la province de Cuneo, de Turin et de Pinerolo, mais aussi en Ligurie ou les secours ont reçu de nombreux appels.
Au 7ème étage d’un immeuble à Loano (Ligurie) vibration du lit.
La secousse a été particulièrement ressentie dans les étages supérieurs des bâtiments, en différents endroits du Piémont, particulièrement dans la province de Cuneo [3].
Le journal de la protection civile italienne précise que la province qui a bien ressenti le phénomène est celle de Cuneo, mais il a été également perçu à Savone, Sanremo, Gênes, Imperia et d’une manière plus générale dans l’ouest de la Ligurie plus particulièrement dans les zones frontalières avec la France [4].

Azurseisme :
Comme pour le séisme du 27 janvier 2012 survenu dans la région de Parme en Italie, azurseisme a connu à l’heure de la secousse un pic de visite élevé qui a atteint 1260 visiteurs à minuit.
Durant la journée du 27 février 2012, le nombre de visite a atteint le record avec plus de 5 000 visites, une fréquentation jamais connu auparavant depuis que le site a été mis en ligne.

Sismicité historique :
L’Ubaye et le Piemont occidental sont des secteurs très actifs qui ont connu des événements destructeurs particulièrement celui du 5 avril 1959 :
http://www.azurseisme.com/Seismes-de-l-Ubaye-A-H-P.html
De l’autre côté de la frontière, à Prazzo dans le Piemont occidental, s’est produit le 17 février 1947 un séisme d’une intensité de VII-VIII :
http://www.azurseisme.com/Seismes-du-Piemont-occidental.html
Outre, ces événements historiques destructeurs, la vallée de l’Ubaye est aussi marquée par des petites crises sismiques, dont celles de 1976-1977 et de 1989. Durant les années 2003-2004 un important essaim s’est produit pendant environ un an, avec plus de 16 000 micros-séismes qui n’ont pas dépassé la magnitude de Ml =2,7, mais dont quelques uns ont été ressentis par des personnes.
[1] Sira C, Schlupp A., Schaming M. et Granet M. : rapport BCSF données simologiques - séisme de Barcelonnette (Alpes de Haute Provence) du 26 février 2012 à 22h37 TU.
[2] Journal le Dauphiné du 27 février 2012
[3] Corriere della sera du 27 février 2012
[4] Il Giornale della Protezione Civile Italienne - Lunedi 27 Febbraio 2012
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