Bar-sur-Loup : effets du séisme sur le village
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Effets du séisme sur le village de BAR-SUR-LOUP
BAR SUR LOUP
Superficie : 1 447 ha - Alt. : 310 m.
Latitude : 43° 42’ 08 Nord - Longitude : 6° 59’ 23 Est
Population : 1 370 habitants en 1886 – 2 927 habitants en 2020
Intercommunalité : Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis

(Photo : André Laurenti)
Cadastre Napoléonien 1832
Section : D Le Village, Feuille unique
Section :E Les Vergers, Feuille unique
Contexte géologique
Le paysage est constitué d’une structure sur plusieurs étages de reliefs depuis tout en bas la vallée du Loup.
Le village de Bar-sur-Loup est implanté dans la pente. Il est dominé par des formations minérales karstiques. Le sol sur lequel repose l’ensemble du village serait issu d’un ancien mouvement gravitaire de surface qui est actuellement à l’étude.
Cette situation géologique pourrait expliquer la gravité des effets du séisme de 1887 sur ce village pourtant situé à 85 km à l’ouest de l’épicentre supposé.

Les effets du séisme
Dans ce village, le tremblement de terre a pris les proportions d’une véritable catastrophe. Bar-sur-Loup est bâti sur le flanc d’un coteau. Tout en haut du bourg se trouve la place principale et un ancien château féodal des Comtes du Bar. Ce fortin remarquable, à l’origine habité par quelques ménages, était flanqué d’une vieille tour crénelée et circulaire. Ses vestiges n’étaient pas dépourvus de caractère et frappaient de nombreux visiteurs et archéologues. Bien que abîmée par le temps et mutilée par les aménagements intérieurs qu’elle a subi depuis la révolution, cette tour fut lézardée par le séisme de 1854 et aucune réparation n’y avait été faite par la suite [1].
Trente trois ans plus tard, lors du séisme de 1887, toute la moitié supérieure Est de cet édifice élevé, s’est brutalement détachée en un bloc énorme, tombant sur une maison située immédiatement en dessous, entraînant dans sa chute deux autres bâtiments contiguës, sept personnes ont été ensevelies.
Un autre détail important garanti par un homme de l’art est à prendre en considération, il explique que la muraille circulaire de la tour, avait deux mètres environ d’épaisseur, elle était extrêmement solide. Et puis on voulut agrandir la salle du 1er étage et l’on affouilla la muraille de 55 cm tout autour, en sorte que cette partie était devenue plus faible que la partie supérieure à laquelle on n’avait pas touché. Ceci explique aussi comment l’éboulement si fatal a pu se produire [2].

Aux cris de terreur, aux lamentations des femmes se joignaient les plaintes des blessés et les appels désespérés de ceux qui étaient à la recherche d’un parent ou ami.
M. Antoine Giraud, sous-officier d’artillerie, en vacance à Bar-sur-Loup, a été l’un des premiers à arriver sur les lieux et à procéder au sauvetage des personnes ensevelies [3].
Cinq ont pu rapidement être secouru dès la première heure grâce aux travaux de déblaiement organisés par la municipalité, la gendarmerie et l’agent voyer. Il s’agit de M. Augustin Cavalier 54 ans, son épouse Justine Charreiron et leurs enfants de 11 à 15 ans et enfin de Mme Marie Lecler 68 ans, épouse de M. Guizol Jean-Baptiste [4].
Ils ont été découverts assez contusionnés mais sans gravité sérieuse, sans oublier le périlleux sauvetage d’une jeune enfant de huit ans, laissée couchée dans une maison dont tout le mur a été entraîné par l’effondrement de la tour. Les planchers étant restés parfaitement en place, le lit de la malheureuse enfant se trouvait sur le bord même du vide à une hauteur de trois étages. Et c’est au péril de sa vie, qu’un citoyen est allé la chercher.
L’œuvre de déblaiement s’est poursuivi, une chaîne s’est formée à laquelle prenaient place tous les hommes valides. Une heure après le début des recherches, on retira Mme Charreiron 82 ans, la belle-mère de M. Augustin Cavalier, découverte morte par asphyxie.

Informés de cet événement par télégramme, MM Delage sous-préfet de Grasse, le Procureur de la République, M. Pellegrin ingénieur d’arrondissement accompagnés par le capitaine de gendarmerie arrivèrent sur les lieux.
Lors de la troisième réplique, le pignon de la façade sud-est de l’église, une partie de la toiture ainsi qu’un morceau de corniche de la tour s’écroulèrent en une pluie de débris sur les sauveteurs, trois d’entre eux furent atteints aux jambes, mais sans gravité.
Les difficultés de déblaiement étant telles et la quantité des décombres si considérable que le corps du malheureux Guizol fut retrouvé deux jours plus tard vers 16 heures.
Ce dernier avait été projeté avec son lit dans l’atelier du menuisier Brassac, son voisin et gisait sur le sol complètement écrasé.

(Photos : Jean Luce - Archives Départementales des Alpes-Maritimes)
Outre les trois bâtisses écroulées et les dégâts occasionnés à l’église, quatorze autres maisons et la chapelle du couvent des sœurs Trinitaires, ont été très endommagées, cinq d’entre elles menacent ruine [3].
Par ailleurs, le château situé sur la commune voisine du Rouret servait d’habitation à M. Agard maire de la commune du Bar. Il a eu au moment du séisme, tous les plafonds séparés et d’énormes plâtras se sont également détachés. L’un d’entre eux, estimé à 50 kg, s’est abattu sur son lit.

(Photo : Fournier réf. 1J566 Arch. Dép. A.M.)
La villa Seytre n’a pas été épargnée et la corniche de sa tour est tombée, le bâtiment a aussi souffert dans son ensemble.
La maison de Barbier Alexandre a été également très endommagée, les crevasses et les fissures ne se comptent plus.
Quant à l’église, un pilier intérieur a été lézardé de haut en bas, à l’extérieur, une partie de la toiture et la corniche derrière le chœur se sont effondrées.
Parmi les 500 000 fr (environ 2 134 475 euros), correspondant au montant de l’emprunt contracté par le département auprès du Crédit Foncier de France et destiné à la réparation des édifices publics départementaux et communaux, la commission départementale attribua à Bar-sur-Loup :
– 4 500 fr (environ 19 210 euros) pour les réparations de l’église paroissiale [5].

(Document réalisé par : André Laurenti)
Selon un état général établi commune par commune par la préfecture, 62 personnes ont déclaré des pertes, 3 maisons furent détruites et 4 partiellement détruites [6].
Zonage administratif
Alors qu’une grande partie du département des Alpes-Maritimes est classée en zone 4, cette commune de Bar-sur-Loup a été classée en zone 3 (sismicité modéré) du zonage administratif.
Commune de Bar-sur-Loup
Découvrez le site de la Mairie avec cette page consacrée à l’histoire de la commune
Source documentaire
– Levret Agnès Grunthal //G : Cahier du Centre Européen de Géodynamique et de Séismologie – volume 19 – l’Echelle Macrosismique Européenne – année 2001
[1] Le Journal de Grasse : Extrait du journal du 24 février 1887 (Arch. Dép. Des A. M.)
[2] Le Petit Marseillais du 1er mars - Retronews le site de presse de la BNF
[3] Le Petit Niçois : Extrait du journal du 2 mars 1887 (Arch. Départ. Des Alpes-Maritimes)
[4] Rapport de Gendarmerie, brigade de Bar-sur-Loup en date du 26 février 1887 ( Dos 1M 16 164 à 16 172. Arch. Dép. Des Alpes-Maritimes)
[5] Le Petit Niçois : journal du 15 novembre 1887 (Archives Départementales des Alpes-Maritimes)
[6] État présentant par commune le nombre de maisons détruites, très endommagées et partiellement détruites - Arch. Dép. des A. M.
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