Effets sur la commune du Broc
LE TREMBLEMENT DE TERRE DU 23 FÉVRIER 1887
Lorsque le fleuve Var et son affluent l’Estéron ne constituèrent plus une frontière en 1860, la commune du Broc sera un peu laissée à l’abandon, et connaîtra un exode rural fort.
Lors du tremblement de terre de 1887, la sévérité des secousses sur la commune, fut portée sur les hameaux satellites proches de l’Estéron, plutôt que sur le village.
L’amplification des effets sur ces quartiers peut trouver une explication en se rendant sur le terrain. Lorsqu’on emprunte la route M 2209 qui mène du pont de l’Estéron au village du Broc, on traverse des terrains extrêmement instables. Cette voie et ses abords comportent de nombreux affaissements importants et fait parfois l’objet de fermeture lors des épisodes pluvieux d’automne. La présence de gypse en sous sol et de nombreuses sources, semblent être la cause. Au quartier du Clos Martel, des affleurements montrent aussi des roches extrêmement fracturée.
- Village du Broc
- (Photo : André Laurenti)
EFFET DU SÉISME SUR LA COMMUNE DU BROC
LE BROC
Superficie : 1 865 ha - Alt. : 450 m.
Latitude : 43° 48’ 37" Nord - Longitude : 7° 10’ 14" Est
Population : 696 habitants en 1886 – 1 413 habitants en 2017
Intercommunalité : Métropole Nice Côte d’Azur
Le cadastre Napoléonien de 1834
Section : D , Feuille unique
Section : E2 Sainte Marguerite et Clos Martel, Clos Martel
Section : E1 Sainte Marguerite et Clos Martel, Sainte Marguerite
Section : F Pra David, Feuille unique
Les effets
Dans le village toutes les maisons ont subi des fissures et un grand nombre de cheminées sont tombées dans les rues. Une habitation de deux étages a eu l’un de ses murs sérieusement lézardé. Ceux de la maison commune sont également en partie fendus.
Autre fait particulier l’eau de la fontaine est immédiatement devenue trouble [1].
Deux autres maisons de trois étages ont été fortement ébranlées, des lézardes parcourent les façades de la base au sommet. Les murs et une partie de la voûte de l’église paroissiale ont été fissurés et la clef principale en fer soutenant la voûte a été brisée au milieu [2].
- Village du Broc
- Le Broc est situé sur un replat à 450 m d’altitude
(Photo : André Laurenti)
Dans les campagnes proches du village, la maison de M. Michélis, constituée de deux étages et d’une écurie, a eu les murs lézardés sur toute la hauteur.
Dans le tableau ci-dessous, figurent les dommages les plus importants mentionnés par le maire de la commune le 1er mars 1887.
Nom des perdants | nature des dégâts | Sans abris | Estimation |
Carlin Frédéric | Maison d’habitation R+2 avec un mur fortement lézardé et menaçant ruine | 0 | 800 fr |
Malaussène Honoré | Maison R+3 en bon état, fortement ébranlée, avec murs lézardés de la base au sommet | 0 | 500 fr |
Michelis Victor | Maison R+2 de campagne avec écurie, murs lézardés de la base au sommet | 0 | 400 fr |
Bermond Fortuné | Maison d’habitation R+3 avec un mur fortement lézardé | 0 | 300 fr |
Mais tout cela demeure sans comparaison avec les hameaux du Broc situés plus au nord, à proximité de l’Estéron.
Hameau des Fougassières
Selon le rapport de gendarmerie de la brigade de Vence, une maison de deux étages, située au quartier des Fougassières, mesurant quinze mètres sur dix, a eu tous les murs écroulés jusqu’au rez-de-chaussée. A l’arrivée des autorités, une partie du mobilier était encore sous les décombres. Le propriétaire M. Bérenger, déclara que sept personnes étaient couchées chez lui, lorsqu’à la première secousse, sa maison s’est écroulée. Sa mère et son domestique échappèrent à la mort par un hasard providentiel. En effet, ils furent découverts, quelques instants après, ensevelis sous les décombres de la toiture et des plafonds avec leurs lits complètement brisés.
Une autre maison inhabitée, contiguë à celle-ci et ayant la même grandeur, composée de deux chambres, d’un grenier et de deux écuries, a eu la toiture et une partie du mur nord écroulés [3].
- Commune du Broc
- Localisation des hameaux affectés par le séisme
(Schéma : André Laurenti)
Hameau des Soutrans
Dans le quartier du Clos Martel, le hameau des Soutrans composé de huit bâtiments environ selon le cadastre, a subi d’importants dégâts sur la totalité des constructions. Six maisons de deux étages sur rez-de-chaussée, furent ébranlées de la base au sommet présentant des lézardes de 5 à 15 cm. Les toitures et les plafonds s’écroulèrent et les murs se lézardèrent dangereusement. Deux autres habitations constituées d’un étage, devinrent aussi inhabitables. Un bastidon a également eu le toit ébranlé et les murs fortement lézardés.
- Hameau des Soutrans au Clos Martel
- Les dégâts furent nombreux dans ce hameau.
(Photo : André Laurenti)
Sur le terrain aux alentours de ces ruines, les gendarmes ont constaté des crevasses de cinq à six centimètres, ils écrivirent dans le rapport qu’il sera impossible de construire de nouveau à cet endroit. Les rochers sont détachés et sur le point de rouler dans l’Estéron. Les propriétaires ont eu le temps de sauver leur mobilier et se sont réfugiés chez les voisins des hameaux de Carlons et des Soubrans. Seize personnes se trouvèrent sans abri.
- Hameau des Soubrans
- Ce hameau du quartier Clos Martel est situé sur un replat, contrairement au hameau des Soutrans placé sur un versant plus instable.
(Photo : André Laurenti)
Aucune victime ne fut déplorée excepté M et Mme Roustan et leur petite fille qui ont été surpris dans le lit, par les décombres de la toiture et du plafond. Ils en ont été quittes pour quelques légères contusions [4].
Hameau de la Germaine
Dans ce quartier, la ferme de Bonnafons Etienne, a eu une partie de son toit écroulé et les murs fortement lézardés. La toiture d’un bastidon s’est effondrée et les murs lézardés [5].
Hameau des Carlons
Aux Carlons, la maison de M. Malaussène Marius, comportant trois étages, a été fortement ébranlée. Les murs intérieurs furent lézardés.
Hameau de la Clave
Au quartier de la Clave, la maison de plain-pied d’Escoffier Marius, s’est écroulée. Une seconde d’un étage, a été fortement ébranlée [6].
Les informations des trois derniers hameaux ci-dessus proviennent d’une liste établi par le maire de la commune en date du 1er mars 1887. Elle indique le nom des perdants avec la nature des dégâts et leurs estimations. En voici le contenu par hameau :
Hameaux | Nom des perdants | nature des dégâts | Sans abris | Estimation |
Les Soutrans | Rostan Casimir | Maison R+2 devenue inhabitable Ebranlée de la base au sommet - toit et plafonds écroulés, murs avec fortes lézardes | 2 | 3000 fr |
Les Soutrans | Roustan Antoine | Pertes et dégâts de même nature | 5 | 3500 fr |
Les Soutrans | Grec Françoise | Maison R+2 enbon état avec RDC, cave inhabitable,un bastidon avec toit et murs ébranlés fortement lézardés | 3 | 4000 fr |
Les Soutrans | André Antoine | Maison R+2 et une écurie, le tout inhabitable | 3 | 2150 fr |
Les Soutrans | Mérie François | Maison R+2 devenue inhabitable | 3 | 850 fr |
Les Soutrans | Issert | 2 maisons (R+2 et R+1) devenues inhabitables | 0 | 2800 fr |
Les Soutrans | André Louis | Maison R+1 et une écurie, le tout inhabitables | 0 | 1000 fr |
Les Carlons | Malaussène Marius | Maison R+3 en bon état, fortement ébranlée, murs intérieurs et extérieurs lézardés | 0 | 950 fr |
La Germaine | Bonnafons Etienne | Maison d’habitation avec toiture en partie écroulée, un mur fortement lézardé, un bastidon avec toiture écroulée et murs lézardés | 0 | 475fr |
Les Fougassières | Bérenger Eugène | Maison d’habitation R+2, RDC et cave inhabitable, toiture, murs, plafonds écroulés, pertes de récoltes, l’écurie et le grenier à foin attenant a eu toit et murs écroulés | 3 | 10 000 fr |
Les Fougassières | Bérenger Auguste | Grenier à foin et écurie ayant la toiture écroulée, ainsi qu’un mur côté nord | 0 | 1200 fr |
La Clave | Escoffier Marius | 1 Maison RDC écroulée - 1 maison R+1 avec écurie ébranlée, murs fortement lézardés | 0 | 500 fr |
Chapelle Sainte-Marguerite
Pas de détail des effets du tremblement de terre sur cet édifice, cependant un panneau sur place indique qu’après le séisme de 1887 qui a dévasté tous les quartiers environnants, on remarque que la façade a été remaniée et précédée d’un porche comportant de nombreux blocs équarris utilisés en réemploi.
- Chapelle Sainte-Marguerite
- (Photo : André Laurenti)
Source documentaire
Levret Agnès Grunthal //G : Cahier du Centre Européen de Géodynamique et de Séismologie – volume 19 – l’Échelle Macrosismique Européenne – année 2001
[1] L’Éclaireur du Littoral : Extrait du journal du 25 février 1887 (Arch. Dép. Des A. M.)
[2] Rapport de Gendarmerie brigade de Vence en date du 28 février 1887 - Arhives Départementale des Alpes-Maritimes
[3] Rapport de Gendarmerie brigade de Vence en date du 28 février 1887 - Arhives Départementale des Alpes-Maritimes
[4] Rapport de Gendarmerie brigade de Vence en date du 28 février 1887 - Arhives Départementale des Alpes-Maritimes
[5] Rapport établi par le Maire du Broc le 1er mars 1887 sur les dégâts de la Commune (Arch. Dép. Des A. M.)
[6] Rapport établi par le Maire du Broc le 1er mars 1887 sur les dégâts de la Commune (Arch. Dép. Des A. M.)
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