Séisme Ligure de 1887 : Les mouvements de sol
LES MOUVEMENTS DE SOL
Les informations sur les mouvements de sol ont été difficiles à collecter. Cet état n’est certes pas exhaustif, mais donne une idée sur les effets induits de ce séisme.
Les principaux mouvements de terrain côté français ont été mentionnés par les médias souvent sans trop de précisions des lieux et aussi par les rapports de gendarmerie. Dans les Alpes-maritimes, les éboulements prédominèrent.
En Italie, la mission de terrain du duo Mercalli-Taramelli, s’est plutôt intéressée aux crevasses et aux fissures de sol. Mercalli nota toutefois les principaux éboulements.
Les ondes qui se sont propagées si violemment dans toute la Ligurie ont provoqué la chute de rochers, de petits glissements de terrain et la formation de crevasses ou de fissures dans le sol [1].
D’une manière générale, le tremblement de terre a provoqué des altérations superficielles plus ou moins importantes du sol, modifiant la circulation des eaux peu profondes [2], troublant ainsi de très nombreuses sources sur un vaste territoire.
Les détachements de roche ont peut-être été limités en raison des graves intempéries survenues en automne et en hiver 1886/1887 et qui avaient déjà provoqué de très nombreux éboulements.
Si le tremblement de terre avait eu lieu en période sèche, son impact aurait sans doute été moindre aussi bien sur les constructions que sur les mouvements de sol.
Sur la ligne de chemin de fer Genova-Vintimiglia, à part un petit glissement de terrain entre Noli et Finalpia qui a interrompu la circulation des trains pendant quelques heures [1], aucun dommage n’a été observé malgré les nombreux ouvrages tunnels et ponts. Le constat fut le même sur la partie française.
A Finalmarina une personne a été tuée par un rocher tombé sur la route au moment où il passait [2].
NOUVELLE CARTE DES EFFETS INDUITS
La répartition spatiale des ces mouvements a pu être cartographiée à partir de l’outil "OpenStreetMaps". Cette nouvelle carte permet de se faire une idée sur les différents mouvements de sol générés par le tremblement de terre de 1887.

(Carte réalisée par André Laurenti sur un fond OpenStreetMap)
Voir la carte plein écran
En passant le curseur de la souris sur chaque icône vous obtenez le type de mouvement.
En cliquant sur chaque icône vous obtenez des informations sur les effets observés et une photo du lieu pour les Alpes-Maritimes uniquement.
LES ÉBOULEMENTS
Sur la Riviera italienne, le plus marquant s’est produit au Capo Mele, près de Laigueglia (province de Savona), où une pointe du cap s’est effondrée dans la mer.
Dans les Alpes-Maritimes, les chutes de blocs ont interrompu toutes les communications avec les vallées et également le littoral de Nice à Menton.
Entre l’Escarène et le col de Braus (Alpes-Maritimes), de gros rochers sont tombés sur la route nationale sur une distance de 1 600 m au lieu dit "Rocca Tagliata" [2], endommageant la route en plusieurs endroits et détruisant les lignes télégraphiques. Un lieu peu surprenant, car déjà cité par César Nostradameus lors du séisme de 1564 ou le pont situé sur un axe important de communication a été détruit.

(Photo : André Laurenti)
Même phénomène à Villefranche, où un éboulement important a eu lieu au "Pont de l’Arma" interrompant la RN7 et les ligne télégraphiques [3].
Un autre éboulement important, s’est produit entre Duranus et Levens. Des rochers ont coupé la route et les lignes de communication sur cet unique accès à l’époque, à la vallée de la Vésubie, au lieu dit la "Grande Muraille" (voir la carte).
A Menton, une propriété cultivée située au quartier "Guglione", subit d’importants dégâts. Des gros blocs de pierre se détachèrent du haut de la colline et détruisirent une vingtaine de murs en pierre sèche, arrachant oliviers et citronniers au passage [4]. Même phénomène sur les hauteurs de Castagniers, dans les campagnes de Gilette, de Revest les Roches, Peillon, Piene Haute et Tourrette Levens.
L’éboulement le plus éloigné de l’épicentre et rapporté par Mercalli, est celui du col du Mont Cenis, distant de 188 km de l’épicentre et où un rocher serait tombé dans un lac [2].
ÉBOULEMENT TARDIF
A noter également un éboulement tardif au nord-est de Ventimiglia. En effet, le 18 avril le long de la Roya le mont Roverino qui avait déjà été fendu par le tremblement de terre, s’est éboulé d’un côté. La partie détachée représenta environ 100 000 m3 qui encombrèrent la route nationale et le fleuve Roya sur une longueur de 250 m, en tombant elle a enseveli une maison [5].

(Capture d’image à partir de Google Street Vie)
MOUVEMENTS DIVERS
Au dessus de Sospel, sur la montagne du Barbonnet se trouvaient des installations militaires, Le Ministre de la Guerre adressa à l’Académie des Sciences, un rapport sur les dégâts occasionnés sur les ouvrages militaires. Les officiers constatèrent que le Barbonnet avait été fendu sur toute sa hauteur par des fissures perpendiculaires au nord magnétique. Elles mesuraient 3 mm au col St. Jean et 1 cm aux lacets les plus hauts [6].

(Photo : André Laurenti)
Par ailleurs, dans le département du Var un affaissement de sol a été observé à Moissac [7], soit à 152 km de l’épicentre.
Il a été observé aussi le présence de volcans de boue à Albenga et à Noli [2].
RÉFLEXION
Tous ces mouvements ont été déclenchés par un séisme d’une magnitude modérée qui a tout de même été capable de déclencher une chute de bloc à grande distance de l’épicentre, soit au Mont Cenis, à 188 km de l’épicentre supposé.
Parmi les effets directs, on retiendra la mort d’une personne en Ligurie et dans les Alpes-Maritimes, l’interruption des communications télégraphiques des vallées du haut pays et aussi entre Nice et Menton.
En effets secondaires, les trois principales voies de communication de Nice-Menton, Nice Sospel et Nice la vallée de la Vésibie ont été endommagés et encombrées de blocs
Les éboulements ont sans doute été plus nombreux, notamment dans le moyen et haut pays. On porta un plus grand intérêt sur ceux qui ont affecté les installations humaines (routes, lignes télégraphiques, lieux de culture etc...). Le réseau routier et les habitations étaient moins dense que de nos jours. Un événement similaire pourrait avoir des conséquences plus sévères sur notre territoire.
[1] Issel Arturo : « Il terremoto del 1887 in liguria », Société Géologique de France
[2] TARAMELLI T. et MERCALLI G. "Il terremoto Ligure del 23 febbraio 1887" - Parte IV - Volume VIII - Roma 1888 - Biblioteca Istituto Geologia Universita di Genova
[3] L’Éclaireur du Littoral du 24 février 1887 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes
[4] Dossier du tremblement de terre de 1887 - Archives Municipales de Menton
[5] L’Éclaireur du Littoral : Extrait du journal du 28 avril 1887 (Archives Départementales des Alpes-Maritimes
[6] La science illustrée n°9 du 28 janvier 1888
[7] Le Petit Var du 27 février 1887 - Archives Départementales du Var
Toutes les brèves du site