Vulnérabilité du bâti moderne
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Mercredi 5 février 2014 peu après 17h30, la casquette de béton de l’une des deux entrées (200 m2 environ) du centre commercial situé dans la Plaine-du-Var s’est effondrée sur la galerie commerciale.
Il y a eu deux blessés légers et vu l’ampleur des dégâts, c’est presque un miracle que le bilan ne fut pas plus lourd, surtout à une heure où le centre commercial était très fréquenté.
Cette structure en béton armé reposait sur un unique pilier central, il est possible que le poids de l’eau accumulée et non évacuée sur ce auvent ait contribué à sa déstabilisation. Quoiqu’il en soit, en France on accepte mal ce type de rupture brutale.

(Photo : André Laurenti)
Le 26 janvier 1994, il y a presque vingt ans jour pour jour, le toit d’un supermarché situé à Nice Ferber s’est effondré avec un triste bilan de 3 morts et 116 blessés.
Il n’y a pas eu de séisme ce jour là, ni le 26 janvier 1994, et donc face à ce constat inquiétant, on peut se poser des questions sur la résistance de ce type de construction et leur extrême vulnérabilité face à d’éventuelles sollicitations sismiques. Rappelons que 133 communes du département des Alpes-Maritimes se situent en zone 4 (aléa moyen).

(Photo : André Laurenti)
Peu après cet effondrement il a été décidé de démonter le deuxième auvent situé au droit de l’entrée principale de la grande surface. Pour cela, des engins spéciaux qui terminaient un chantier en France ont été acheminés sur les lieux en convoi exceptionnel.

(Photo : André Laurenti)
Quatre "Kamag", des vérins surpuissants, auront la lourde tâche de soulever la casquette sud de plus de 600 T, la même structure qui s’est effondrée au nord du bâtiment. Les grosses remorques de 18 mètres de long, sont en cours d’assemblage. Une fois le montage terminé, les vérins seront glissés sous l’auvent. Dans un premier temps, ils viendront soutenir la structure, pendant que le pilier central sera coupé. L’auvent sera alors transporté à l’écart par les quatre remorques.

(Photo : André Laurenti)

(Photo : André Laurenti)
Avant toute chose, pour pouvoir déplacer d’un seul bloc cette casquette en béton armé, le sol qui sera circulé lors de cette opération, devra être renforcé afin qu’il supporte une pareille charge.
Une fois à l’écart l’auvent sera démoli. Un réaménagement de l’entrée sera ensuite réalisé.
Le Grand Arénas à l’ouest de Nice
Autre problème sur cette fois un immeuble d’habitation en cours de construction. "L’Avant Scène", un bâtiment de 36 000 mètres carrés prévu pour accueillir des logements, des commerces et des bureaux et qui devait être livré fin 2023, s’enfonce progressivement dans le sol constitué d’alluvion du fleuve Var. En 2022 une partie du bâtiment s’est enfoncé sur 16 cm, un nouvel incident s’est produit le 28 juin. Le bâtiment est annoncé pour le 1er trimestre 2025... à suivre pour la suite.
Au cours d’une mission post-sismique sur le tremblement de terre d’Emilia Romagna, il a été constaté que la plupart des bâtiments industriels modernes en béton armé et en structure métallique, ont été réalisés pour résister aux charges statiques verticales, c’est à dire à leur propre poids et non pour résister aux sollicitations horizontales d’un séisme. Résultat, le bilan est lourd, environ 200 entreprises de la région ont été durement touchées et au moins 2 000 salariés se sont retrouvés au chômage technique. La majorité des victimes de ce séisme ont trouvé la mort dans ces établissements qui ont été détruits partiellement ou entièrement et cela avec un séisme de magnitude 5.9.

(Photo : André Laurenti)
Autre observation, dans les secteurs proches de l’épicentre, le bâti moderne d’habitation a été davantage endommagé que le bâti ancien.
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En Italie, l’ensemble des communes affectées par les deux tremblements de terre d’Emilia Romagna en 2012, ne figurait pas, malgré de nombreux événements historiques, parmi les zones jugées à risque potentiellement sismique, d’où l’absence de réglementations parasismiques.
Il convient de noter que le contexte de cette région italienne est favorable aux amplifications des mouvements sismiques. En effet, les deux tremblements de terre se sont produits dans la zone deltaïque du fleuve Pô en terrain alluvionnaire, comme l’est aussi la plaine du Var et tous les secteurs urbanisés en bordure de cours d’eau.
A l’occasion d’épisode pluvieux rendant les sols saturés en eau, pourrait avoir, si un séisme comme celui d’Emilia Romagna ou de l’Aquila survenait, des conséquences désastreuses sur les bâtiments édifiés sur des terrains instables et alluvionnaires.
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